Pollution numérique : l’impact invisible d’Internet

Publié : 18 avril 24 — Actualisé : 31 mars 25
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Source : unsplash.com

Prétendu sans impact sur l’environnement pendant des décennies, pire, sauveteur de forêts, le numérique et la digitalisation des services n’ont eu de cesse d’être vantés. Pourtant, l’impact environnemental du numérique pèse lourd sur l’environnement. Tu veux en savoir plus sur le sujet ? Cet article est fait pour toi.

La pollution numérique, c’est quoi ?

Ne bouge pas je t’explique. La pollution numérique englobe la fabrication et l’utilisation d’appareils nécessaires au fonctionnement d’internet (data center, câble, box, etc.), ceux utilisés pour naviguer (smartphone, ordinateur, montre, etc.) et les habitudes des utilisateurs, comme le streaming vidéo ou le jeu en ligne.

Obsolescence programmée numérique, frénésie d’achat, multiplication des usages nous incitent à acheter de nouveaux appareils. Pourtant, la fabrication des équipements numériques est bien plus polluante que leur usage.

La fabrication d’un ordinateur nécessite en moyenne 240 kg de combustibles fossiles, 22 kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau (source : ADEME sur X (anciennement Twitter)). Celle d’un smartphone nécessite plus de 70 matériaux (dont +50 métaux) et elle représente 80 % de l’énergie utilisé sur tout son cycle de vie et est responsable d’environ 3/4 de ses impacts environnementaux
(source : Ademe : Longue vie à notre smartphoneElectromagnetique.com : Empreinte sanitaire, sociétale et écologique).

Il devient urgent de limiter l’achat de matériel neuf. Moins d’achats, c’est moins d’extraction de matière première, moins de fabrications, moins de transports et donc de pollution. Les matières premières (métaux et eau) nécessaires au numérique sont de plus en plus limitées, préservons-les. La solution : conserver ses appareils plus longtemps et opter pour de la seconde main au lieu du neuf.

Le numérique, comme toute activité humaine, génère une pollution considérable. Le fait de communiquer ou de naviguer sur le web contribue à cette pollution : email, visioconférence, partage de fichiers, streaming, réseaux sociaux…

Internet en quelques chiffres (qui font peur !)

Internet et son réseau tentaculaire

Tu ne le se sais peut-être pas mais internet fonctionne grâce à de gigantesques câbles qui parcours l’ensemble du globe terrestre. En 2021, 99% du réseau internet passe par les câbles sous-marins. Soit 473 câbles totalisant 1,3 million de kilomètres, soit plus de trois fois la distance Terre-Lune. Celui qui battait tous les records a été mis hors le 2 décembre 2024. Le SEA-ME-WE 3 de son petit nom reliait l’Asie du Sud-Est à l’Europe de l’Ouest par la mer Rouge avec une longueur de 39 000 kilomètres. En mai 2023, 552 câbles sous-marins sont installés ou en projet selon TeleGeography. Son successeur, le SEA-ME-WE 6, dont la première partie a été implantée à Marseille reliera la France à Singapour d’ici à la fin 2025 et totalisera une longueur totale de de 21 500 kilomètres.

Qu’une infrastructure aussi titanesque soit mise en place pour soutenir un projet aussi colossal semble tout à fait logique. Mais son impact à court et à long terme lié à l’implantation, aux champs magnétiques, aux bruits, aux contrôles et réparations perturbes la faune et la flore.

Source :
Telehouse.fr Câbles sous-marins vecteur d’internet mondial | Wikipédia : Câble sous marin internet SEA-ME-WE 3 | Carte des câbles sous-marins : Carte des câbles internets sous-marins

Internet, toujours plus vaste !

Chaque jour de nombreux sites sont mis en ligne. “Internet Live Stats” l’organisme qui recense les sites du monde entier comptabilise en août 2021 plus de 1,88 milliard de sites en ligne, dont environ 80 % de sites inactifs. En 2024, nous sommes passer au dessus des 1,98 milliard de sites internet (en 3 ans 5,32 % d’augmentation) dont environ 17 % de sites actifs seulement.

Ces dernières décennies le web s’est enrichies de nouvelles possibilités le rendant plus complet et donc plus lourd. En 5 ans (2017 > 2020), le poids des pages web mobile à augmenté de 285 %. Les vidéos ont largement prit les devants de l’écran et représentaient en moyenne 60 %, les images 23 % et les scripts 14 % du poids total d’une page web. Entre 2020 à 2022 le poids moyen d’une page web a augmenté de ±14 %. Tous ces chiffres n’ont cessé d’augmenter depuis.

Source : Http Archive (2018 – 2020 > 2022) et Statistica (2021).

En 2020, le poids moyen d’une page web est de quasi 1 Mo (0,9375 Mo pour être exact) en tête du podium, les images (125,125 Ko), le javascript 55,5 Ko, le CSS 8,5 Ko, le HTML 3,25 Ko. Dans ce calcul ne sont pas pris en compte les typographies et les vidéos représentant un peu plus de 745 Ko.

Les images représentent environ 13,03 % du poids total. Le code (JavaScript, CSS et HTML) représente environ 7,01 %. Les typographies et vidéos représentent environ 77,60 % du poids total de la page web. ​

Toujours plus d’utilisateurs et d’appareils connectés

Selon Doreen Bogdan-Martin (secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications), en 2022, 5,4 milliards de personnes sont connectées à internet, soit 67 % de la population mondiale. Et le nombre d’appareils numériques que nous possédons ne cesse d’augmenter.

source : CBnews : 2,6 milliars de personnes encore privées d’internet dans le monde

Ce qui correspond au taux d’équipements 15 appareils par utilisateur (moins de 15 ans et plus de 70 ans exclus).

Internet : énergie et Gaz à Effet de Serre (GES)

Selon l’ADEME et l’Arcep, si internet était un pays, il serait le 3e plus gros consommateur d’électricité au monde, derrière la Chine et les États-Unis. À lui seul internet représente environ 4 % des émissions de GES dans le monde et pourrait atteindre 6,7 % d’ici 2040 si rien est mis en place pour réduire l’impact environnemental du numérique. Soit 2 fois plus que l’aviation mondiale. Sans le savoir, en regardant ta série en streaming, tu émets autant qu’un vol Paris – New-york !

Source : ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) dans le guide Longue vie à notre smartphone (PDF) | France Nature Environnement dans le livretla fabrication d’un smartphone (PDF) | WWF : agir au quotidien | We Are Social et Meltwater Digital : 2024 October Global Statshot Report

En 2020, les centres de données mondiaux ont consommé environ 200 térawattheures (TWh) d’électricité, soit environ 1 % de la consommation énergétique mondiale. Un data center de taille moyenne consomme autant d’énergie qu’une ville de 100 000 habitants ou un pays de la taille de la Corée du Sud.

Source : HEC Montréal, l’impact environnemental des serveurs cloud

Principaux facteurs de pollution numérique

Le réseau internet et les équipements

Plus grand, plus complet, plus connecté le web ne cesse de s’étendre. Son alimentation en énergie est exponentielle et alimenté en grande partie en énergies fossiles.

En 2019, l’univers numérique est constitué de 34 milliards d’équipements (dont 15 milliards d’objets connectés et informatique embarquée) pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur. Ce taux d’équipement cache de très fortes disparités selon la zone géographique observée. En 2019, la masse de cet univers numérique atteint 223 millions de tonnes, soit l’équivalent de 179 millions de voitures de 1,3 tonnes (5 fois le parc automobile français).

Green It, Empreinte environnementale du numérique mondial

La production d’un téléviseur exige d’extraire 2,5 tonnes de matières premières et génère 350 kg de CO₂. Avant même d’être utilisé, un téléviseur émet autant de CO₂ qu’un aller à Marrakech en avion. Et plus on complexifie les équipements, plus on alourdit leur impact sur l’environnement. La fabrication d’un écran 4K de 60 pouces pèsera bien plus lourd sur les écosystèmes qu’un téléviseur de 30 pouces.

Greenpeace, La pollution numérique, qu’est-ce que c’est ?

Les usages

Le streaming

Écouter la musique, scroller sur les réseaux à regarder des vidéos de chat en streaming… Tout ceci participe à faire exploser l’impact du numérique.

La recherche sur le web

Bien que légère en comparaison elle à tout de même impact. Il est conseiller de garder en favoris ou de taper l’adresse exacte des sites sur lesquels nous avons l’habitude de naviguer. Demander depuis la barre de recherche d’afficher google en est l’exemple parfait. Si si j’ai déjà vu faire.

Les IA

Déjà pour leur entrainement elles sont un gouffre inconsidéré en énergie, mais leur usage également. Majorité d’étudiants passent directement par chatGPT ou consort pour de simple recherche internet.

Comment réduire mon empreinte environnementale sur le web ?

À la lecture de cet article tu te dis peut-être qu’il est impossible d’enrayer la machine en marche ? Rassurez-toi plusieurs actions peuvent être réalisées à ton échelle sans impacter ton confort.

  • Télécharger les musiques favoris sur ton appareil, réduire la qualité des vidéos consultées,
  • Utiliser l’IA avec parcimonie,
  • Limiter ton temps sur les réseaux sociaux encore plus ceux à base de vidéos,
  • Privilégier la connexion wifi quand tu es chez toi,
  • Faire les mises à jour des applications mobiles que tu utilises couramment uniquement…

À la suite de cet article, il est normal qu’en tant que chef d’entreprise ou freelance tu cherches toi aussi à réduire l’empreinte environnementale de ton activité.

C’est évidemment possible, voici quelques pistes de réflexion pour entamer ta transition écologique numérique :

  • Choisir un fournisseur d’énergie vert,
  • Avoir un site internet écoresponsable et l’héberger sur un hébergeur vert (infomaniak, planethoster…). Pour tester ton site utilise ecograder ou encore ecoindex
  • Communique de manière raisonnée : uniquement les informations utiles à ton audience (non pour les algorithmes, évite le format vidéo qui est le plus polluant…).
  • Évite les retours en asynchrone sur tes design : stop aux emails flous bourrés de pièce jointes, utilise les commentaires sur Figma, Adobe indesign, canva ou encore markup.io
  • Privilégie le téléphone à la visio qui ne nécessite pas internet
  • Évite les pièces jointes au mails, héberge temporairement les fichiers (évite Wetransfert car non conforme au RGPD) et utilise des alternatives françaises comme filevert, smash, Swisstransfert (infomaniak)… (représente une économie de plus de 13g de CO2)

Tu vois, de nombreuses actions sont possibles et plus nous sommes nombreux à les réaliser plus elles auront d’impact en faveur de l’environnement. N’attendons pas, agissons ensemble dès maintenant.

Pour plus de technique pour réduire ton empreinte sur le web, je te conseille mon article : X manière de réduire son impact sur le web

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